Le Monde 1977: Association cherche toit

ASSOCIATION CHERCHE TOIT

LE MONDE | 31.05.1977
M.-C. R.

PLACE des Fêtes, un village dans le dix-neuvième arrondissement, un village tout neuf, car ces deux mille cinq cents logements ne sont pas encore sortis des limbes de la rénovation. On a pensé à tout, des écoles au dispensaire, mais on a oublié les associations. La maison de quartier qui figurait sur les premiers projets a, comme par enchantement, été rayée de la carte… et remplacée par un centre scolaire.

En décembre 1957, le Conseil de Paris décidait de rénover cet îlot du XIXe arrondissement. Il n’était pas question, en ce temps-là, de réhabiliter les vieux immeubles ; il est vrai que ceux-là étaient si vétustes qu’ils ne méritaient guère de l’être. On rénova donc, à grands coups de constructions neuves, autour de la place des Fêtes.

En 1971, une association naissait : Place des Fêtes-Avenir, et se donnait pour mission de créer et d’animer la future maison de quartier. En attendant que celle-ci sorte de terre, l’association obtenait,  » à titre provisoire et exceptionnel « , de la Société anonyme de gestion Immobilière (SAGI), chargée de la rénovation, deux pièces dans un immeuble promis à la démolition. Mais les années passèrent, l’association déménagea quatre fois… et la Maison de quartier disparut du projet de rénovation.

En 1975, pour remplacer la maison qui ne verrait jamais le jour, le préfet de Paris proposait aux élus de la capitale de racheter un ancien couvent de religieuses, mais sa proposition fut rejetée par l’assemblée municipale, et l’association s’installa définitivement dans le provisoire.

Elle était logée au 46 de la rue du Pré-Saint-Gervais, lorsque, au début du mois de mai, un Incendie endommagea cet immeuble. La SAGI, jugeant que les locaux n’offraient pas toutes les garanties de sécurité nécessaires, leur demanda de déménager. Mais l’association refusa de déguerpir.  » Nous voulons, disent ses responsables, des locaux pour toutes nos activités ; en plus d’une animation classique, nous proposons aux habitants du quartier une boutique de droit où ils peuvent venir discuter de leurs problèmes juridiques, un groupe de femmes, une boutique de santé, un groupe d’achat de produits biologiques, un groupe de musiciens, deux crèches autogérées. Nous en avons assez d’errer de logement en logement. « 

 » Nous avons toujours soutenu l’action de l’association, répond-on à la SAGI, nous lui avons prêté des locaux, mais nous ne sommes pas responsables des refus de la Ville de Paris, qui a tout d’abord rayé la maison de quartier de son programme et a ensuite renoncé à l’achat de l’ancien couvent. Nous allons proposer à l’association d’élire domicile dans les 150 mètres carrés de locaux collectifs résidentiels d’un immeuble que nous allons livrer cet été. « 

Cent cinquante mètres carrés à la place des 1 400 mètres carrés au sol qui étaient prévus pour la Maison de quartier…

M.-C. R.

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